Quand on est supporter des Knicks, la période actuelle n’est pas marrante du tout. Il faut se remémorer les bons moments pour garder la foi et le dernier en date, la Linsanity commence à remonter à une éternité.
Souvenez-vous, début février 2012, les Knicks de Mike d’Antoni restent sur un bilan de 8 victoires pour 15 défaites. Dont une somptueuse série de 6 revers de rang entre le 12 et le 21 janvier. (avec une dernière défaite après double prolongation contre les Nuggets d’un certain Gallinari -37 points ce soir-là-. Transfuge des Knicks dans l’échange qui envoyait Melo dans la grosse pomme. Qui a dit « esprit de revanche » ?)
L’absence de Melo le 26 janvier pousse « moustache » à revoir ses plans et ouvrir davantage son banc. S’il ne peut pas compter H24 sur son leader, tout son système (moisi, mais système quand même) tombe à l’eau.
Jusqu’ici Jeremy Lin n’avait été utilisé que sporadiquement, quelques minutes par ci, par là et ne bénéficiait pas du tout de la confiance du coach. Par exemple contre les Pistons le 31 janvier, il cumule 4 points et autant de passes en 6 minutes. Il ne jouera pas le match suivant, très nécessairement pour se remettre de ses émotions. Puis rebelote avec 2 points en 6 minutes le 3 février contre les Celtics.
Et finalement, enfin une prise de risque de d’Antoni…
De 6 minutes, Jeremy Lin va passer à 35 minutes contre les Nets le 4 février, compilant 25 points et 7 passes et surtout UNE VICTOIRE.
Deux jours plus tard, contre Utah, Jeremy Lin est annoncé starter. Amare’ Stoudemire a dû quitter l’équipe pour raisons familiales et pour ne rien arranger Melo va se blesser au bout de 5 minutes de jeu. Une complicité évidente avec Landry Fields qui fait plaisir à voir mais inquiète un peu, rapport à leur routine d’avant-match quelque peu étrange !
C’est à ce moment-là que depuis mon canapé, je suis salement fâché. Car oui, je devais m’envoler pour une semaine à New York le lendemain et j’avais mes précieux billets pour le match contre les Lakers et contre les Kings. Autant vous dire qu’avoir lâché pas loin de $1500 -oui c’est indécent, aucun commentaire- de billets pour voir Jeffries, Fields, Walker et Lin titulaires ne m’enchantait pas vraiment. Même ma seule consolation (Dieu Novak) n’était pas dans le 5 alors à quoi bon ?
C’est ici que la LINSANITY commence
Jeremy Lin jouera lui 45 minutes ! Il noircira la feuille dans le bon -28 points, 8 passes- et dans le très flippant –8 ballons perdus– mais le public connaisseur du Garden lui pardonne ce dernier point et l’ambiance monte très lourdement dans les travées de la salle légendaire.
Le second meilleur marqueur de ce match est Steve Novak avec 19 points -5/8 du parking–
Deux jours plus tard à Washington, inutile de vous dire que Lin était bien titulaire. Avec son pote de canapé Landry Fields. Une des anecdotes rigolotes était que Fields hébergeait Lin à ce moment et que le second dormait sur le canapé du premier.
Du canapé de Landry Fields à la Trump Tower de la Vème avenue en 7 matchs
Contre les Wizards, il se rattrape au niveau des balles perdues (seulement 2), balance 10 caviars, dont pas mal pour Tyson Chandler qui compile 25 points et 11 rebonds. Lin termine deuxième meilleur scorer avec 23 points. Et une nouvelle victoire ! Quant à notre chouchou shooter (pas facile à dire à haute voix) Steve Novak, il enchaîne en 19 points à 5/9 derrière l’arc, le tout en 27 minutes de jeu.
C’est à ce moment que j’arrive en ville
Et personne ne changeait de trottoir. Par contre, l’ambiance était vraiment particulière aux abords du Madison Square Garden. Ceux qui connaissent un peu la ville savent à quel point ces grandes avenues sont glaciales en hiver tant le vent sait s’engouffrer dans chaque petit espace, y compris dans ta culotte. Mais la Linsanity a l’air de réchauffer les gens. Toute la journée, du mouvement, des badauds qui ne voulaient parler que d’une chose, le phénomène Jeremy Lin. Au restaurant, dans les commerces, même les vendeurs de Trading cards étaient de sortie. Les touristes cherchaient tous un accès (même tout en haut) pour le Garden mais bien sûr, les prix s’étaient encore envolés et aucune place n’était à vendre.
Jeremy who ?
Kobe Bryant allumait le feu avant le match en répondant à une journaliste au sujet de Lin par un flambant « Jeremy who ? »
On se pointait donc au Garden finalement plus motivés qu’autre chose par le duel qui s’annonçait. Lin allait avoir l’occasion de briller ou de se ridiculiser. Aucune demi-mesure possible.
L’ambiance a été folle du début à la fin. J’ai un souvenir très particulier de ce match et pourtant j’ai eu l’occasion d’en voir des très sympas avant et après. Mais CE match restera gravé dans ma mémoire. Kobe s’est réveillé à la fin du 3ème QT et a commencé à rentrer des shoots strictement impossibles, permettant au passage une fin de match à suspens. Lin, lui a fait lever sur chaque action le public qui a même fini par envoyer des MVP à la fin du match à son attention. 34 points pour Kobe avec un pourcentage affligeant. 38 points en 38 minutes -et 6 ballons perdus- pour le meneur des Knicks et ENCORE une victoire, 4ème de suite.
Les télés tournaient en boucle sur Jeremy Lin après ce match. Plus que tout ce que j’avais connu jusque-là. Bien sûr, il faisait la une de TOUS les journaux locaux le lendemain.
Heureusement pour lui, les Knicks ont pu fuir la fournaise de NYC pour s’envoler le soir même vers Minneapolis pour y affronter les Timberwolves. De quoi respirer un peu et ne pas céder aux différentes tentations New-Yorkaises.
Résultat, une nouvelle victoire scellée dans les derniers instants avec encore une ligne de stats complète, 20 points, 6 rebonds, 8 passes, 3 interceptions. Dans le même temps, les analystes tombent sévèrement sur Lin car pour beaucoup, ce n’est qu’un feu de paille. Et ses 6 nouvelles balles perdues, ainsi que son pourcentage en shoot 33% (8/24) ne peuvent que l’attester.
Pourtant, devant nos télés, dans les bars où sont retransmis les matchs, nous, on ne peut que continuer à kiffer et à chercher avec frénésie des maillots du nouveau héros des Knicks. Oui, à ce moment-là, il n’existe pas le moindre tshirt avec le #17 alors un maillot… idem du côté de son équipementier Nike qui doit agir en urgence sentant la manne financière leur filer entre les doigts. Ces erreurs seront réparées dès le surlendemain pour les tshirts et très rapidement pour le reste. Merci les usines Chinoises !
La valeur des Knicks décolle, idem pour le MSG et tout ce qui touche à l’équipe. Les gens -pas seulement les supporters- consomment, la Linsanity a un impact sur l’économie globale du Pays. Personne ne veut que ça s’arrête.
Et ça ne sera toujours pas le cas au match suivant
Soir de la Saint-Valentin, alors que j’arpentais les rues de Manhattan pour trouver quelques fleurs à offrir à ma dulcinée, Lin s’occupait des Raptors dans leur grande cabane au Canada. Stoudemire de retour, il pouvait parfaitement assurer le jeu avec Lin et Melo ne manquait à personne encore ce soir-là. 27 points, 11 passes en 43 minutes mais une nouvelle fois 8 ballons perdus, trop, beaucoup trop.
Les haters commencent à s’en mêler mais la ferveur populaire va l’emporter dès le lendemain, de retour à la maison. Et les fans ne sont pas les seuls à vouloir sceller leur amour avec Lin, les spécialistes commencent à se demander comment les Knicks vont faire pour le conserver et surtout comment le faire jouer avec Melo.
Cette fois, on fait péter le bar VIP pré-game et on passe tout l’échauffement court-side
Ca n’arrive pas tous les jours dans une vie de fan alors autant se faire plaisir, c’était ma façon de penser. 6ème rang, hyper bien placés, on allait profiter d’un match de folie aux avant-postes. Et histoire de profiter encore plus, on a pu rester pendant tout l’échauffement juste au coin du banc des Kings, le tout après avoir claqué la bise à Walt Frazier.
Le match n’est pas le meilleur de cette période, c’est même très certainement le pire. On sent très nettement le besoin de souffler pour Lin qui ne jouera que 26 minutes avec 10 points et 13 passes. (et 6 ballons perdus). Mais l’ambiance à chaque fois qu’il touche le ballon est IN-CRO-YABLE.
15 victoires, 15 défaites, ils reviennent à l’équilibre de façon totalement inespérée.
7ème victoire de suite, en 11 jours, il fallait que la série s’arrête
Et ils ont eu la bonne idée de le faire juste après mon retour à Paris, 2 jours plus tard en fait, contre les Hornets de la Nouvelle Orléans.
D’Antoni n’aura réussi à ouvrir son banc qu’une fois, contre les Kings. Son délire de jouer à 8 matchs le reprend de plus belle et sûrement au plus mauvais moment. Résultat, presque 40 minutes de jeu pour Lin et Stoudemire et 26 points chacun. Mais Lin perd 8 ballons sur ce match et ne parvient pas à faire gagner son équipe. Première défaite et la Linsanity va tout doucement commencer à s’éteindre.
Il y aurait encore beaucoup à dire et détailler sur cette période folle. J’ai voulu vous proposer une vision avec les yeux de fan que j’avais à ce moment-là. Je suis parti comme la plupart des gens totalement sceptique et j’ai pris de plein fouet la Linsanity dans la tronche. Dans mon top 3 des meilleurs souvenirs liés au Basket, très clairement. Depuis, Lin a vadrouillé, a fait selon les avis des uns de mauvais choix (je partage cette vision), selon d’autres, il a su saisir des opportunités mais on ne peut que constater qu’il n’a jamais retrouvé un niveau si stratosphérique. Finalement il s’est -relativement- perdu à Houston, aux L.A., même à Charlotte -on évitera de parler de Brooklyn merci- en voulant chercher le leadership alors qu’il aurait pu apporter encore beaucoup en se fondant à un collectif. D’ailleurs, pas si sûr qu’il le voulait tant que ça ce leadership, à l’écouter et à le voir, lui, le canapé de Landry Fields, ça lui allait pas si mal.
Pour ceux qui douteraient de ma réelle présence à ces matchs -ne vous cachez pas les sceptiques, je vous vois !-, je vous invite à lire mon article très personnel sur mon blog dédié aux Trading cards. J’y détaille par exemple la folie pour acheter les places plusieurs mois avant la Linsanity.